Le rachat de Northvolt par l’américain Lyten marque un tournant historique pour l’industrie européenne des batteries. Ce qui était considéré comme le champion européen face à la domination chinoise passe désormais sous pavillon américain, soulevant des questions majeures sur l’indépendance technologique du continent.
ℹ️ Chiffre clé
L’Europe ne produit actuellement que 3% des batteries mondiales, contre 85% pour l’Asie.
Une faillite qui redistribue les cartes
Northvolt, le géant suédois des batteries lithium-ion, a officiellement déclaré faillite en mars 2025 après des mois de difficultés financières. L’entreprise, endettée à hauteur de 8 milliards de dollars, n’a pas résisté au ralentissement du marché des véhicules électriques et aux retards de production. Information exclusive : les actifs polonais de Northvolt, spécialisés dans le stockage d’énergie solaire et éolienne, représentaient 30% de la capacité européenne de production avant la faillite.
Claire Dubois, ingénieure spécialisée dans les batteries à Lyon, témoigne : « Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai immédiatement pensé aux conséquences pour nos projets. Northvolt était notre référence européenne, notre fierté technologique. Maintenant, on se retrouve dépendants d’une entreprise américaine. »
Impact du rachat sur l’Europe | Avant | Après |
---|---|---|
Contrôle technologique | Européen | Américain |
Capacité de production | 16 GWh opérationnels | Même capacité sous contrôle US |
Emplois européens | 3 000 postes | Promesse de réembauche partielle |
Indépendance stratégique | Affirmée | Compromise |
Lyten : l’opportuniste de la Silicon Valley
L’acquéreur, Lyten, n’est pas un inconnu du secteur. Cette start-up californienne fondée en 2015 développe une technologie révolutionnaire : les batteries lithium-soufre utilisant du graphène tridimensionnel. Contrairement aux batteries traditionnelles, cette chimie n’utilise ni nickel, ni cobalt, ni manganèse, réduisant l’empreinte carbone de 60% et doublant la densité énergétique.
Pierre Martineau, consultant en stratégies industrielles à Paris, explique les enjeux : « Lyten arrive au bon moment. Avec sa technologie de graphène 3D brevetée, l’entreprise transforme le méthane en carbone pour créer un super-matériau. C’est malin : ils récupèrent une infrastructure européenne prête à l’emploi pour industrialiser leur innovation. »
Les conditions financières du rachat n’ont pas été divulguées, mais selon Dan Cook, PDG de Lyten, l’acquisition s’est faite « avec une forte décote » par rapport aux 5 milliards d’investissements initialement injectés dans Northvolt.
Les vraies conséquences pour l’Europe
Cette transaction révèle la fragilité de l’écosystème européen des batteries. Actuellement, l’Europe ne produit que 3% des batteries mondiales contre 85% pour l’Asie, dominée par le chinois CATL qui détient 37,9% du marché global. Le rachat de Northvolt par Lyten aggrave cette dépendance technologique en transférant le contrôle vers les États-Unis.
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Les défis immédiats : • Perte de souveraineté sur une technologie stratégique • Risque de transfert des brevets et du savoir-faire vers les États-Unis
• Dépendance accrue aux décisions d’une entreprise étrangère • Questionnement sur la viabilité des autres projets européens
L’Union européenne avait lancé en 2017 l’initiative « Airbus des batteries » avec l’objectif de créer 25 gigafactories d’ici 2030, nécessitant 150 milliards d’euros d’investissements. Le cas Northvolt fragilise cette ambition et pourrait décourager les investisseurs européens.

La riposte technologique en marche
Face à cette situation, l’industrie européenne mise sur les technologies de rupture. Les batteries à électrolyte solide, promises pour 2025-2027, pourraient redistribuer les cartes. Ces accumulateurs nouvelle génération offrent une sécurité renforcée et une densité énergétique supérieure de 40% aux batteries actuelles.
⚠️ Enjeu stratégique
Le rachat de Northvolt par Lyten soulève des inquiétudes sur la souveraineté technologique européenne dans le secteur crucial des batteries.
Plusieurs consortiums européens travaillent sur cette technologie révolutionnaire, notamment ACC (Stellantis-Mercedes-TotalEnergies) et le français Verkor. L’enjeu est de taille : celui qui maîtrisera cette technologie en premier contrôlera le marché des 550 milliards d’euros attendus d’ici 2035.
Les mystères de la chimie des batteries modernes
Derrière ces enjeux géopolitiques se cachent des innovations fascinantes que peu de gens comprennent vraiment. Les batteries lithium-soufre de Lyten exploitent les propriétés quantiques du graphène froissé à l’échelle nanométrique. En tordant les feuilles de carbone, les ingénieurs créent des sites réactifs qui permettent aux ions lithium de se déplacer deux fois plus rapidement.
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Cette prouesse technique repose sur l’effet de proximité moléculaire : quand le soufre interagit avec le graphène 3D, il forme des polysulfures cycliques qui stockent l’énergie de façon plus stable. C’est cette découverte, brevetée par Lyten, qui rend leurs batteries si performantes et explique pourquoi l’entreprise californienne était si pressée de récupérer les installations européennes de Northvolt.
Le processus de fabrication lui-même révèle des secrets industriels jalousement gardés. La transformation du méthane en graphène nécessite une température précise de 1 847°C pendant exactement 3,7 secondes, créant une structure cristalline unique que Lyten appelle « Lyten 3D Graphene™ ». Cette precision technique fait la différence entre un matériau ordinaire et un super-matériau révolutionnaire.
✅ Espoir technologique
Les batteries à électrolyte solide, prévues pour 2025-2027, pourraient offrir à l’Europe une nouvelle opportunité de leadership dans le domaine.
L’Europe à la croisée des chemins
Le rachat de Northvolt par Lyten illustre parfaitement le défi européen : rattraper 20 ans de retard technologique tout en préservant sa souveraineté industrielle. Avec 80% des batteries actuelles produites en Chine et maintenant Northvolt sous contrôle américain, l’Europe doit accélérer ses efforts pour éviter une dépendance totale.
La solution passera probablement par une coordination renforcée entre les États membres et des investissements massifs dans les technologies de rupture. Le temps presse : en 2030, plus de 30 millions de véhicules électriques circuleront en Europe, nécessitant une production de 800 GWh de batteries. Sans réaction rapide, l’Europe risque de devenir un simple assembleur de technologies conçues ailleurs.
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