Voiture électrique : pourquoi la recharge à domicile perd du terrain en France

Longtemps plébiscitée, la recharge à domicile pour les véhicules électriques marque le pas en France. Une étude récente de Deloitte révèle une baisse notable : seuls 63 % des conducteurs privilégient désormais cette option, contre 71 % en 2024. Ce recul de 8 points en un an interpelle, alors que charger sa voiture chez soi est souvent perçu comme la solution la plus simple et économique pour les propriétaires de modèles comme la Renault Zoé ou la Tesla Model 3.

Cette tendance surprenante met en lumière les difficultés persistantes rencontrées par de nombreux utilisateurs, notamment en habitat collectif. Face à ce paradoxe, l’ensemble de la filière, des installateurs aux énergéticiens, se mobilise pour identifier les freins et proposer des solutions adaptées afin de redonner confiance aux automobilistes.

Les raisons derrière ce désintérêt croissant pour la prise domestique

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi les Français se détournent de la recharge à domicile. La complexité des démarches administratives, en particulier dans les copropriétés, et une certaine appréhension des coûts d’installation figurent parmi les principaux obstacles, et ce, malgré l’existence du « droit à la prise » depuis 2011.

Marc, propriétaire d’une nouvelle Peugeot e-208 en banlieue lyonnaise, en fait l’amère expérience. « J’ai invoqué mon droit à la prise, mais le syndic de copropriété a temporisé, évoquant la nécessité d’une étude globale pour anticiper les futures demandes. Cela fait trois mois que j’attends, et je dépends des bornes publiques de réseaux comme TotalEnergies ou Ionity. » Son cas illustre parfaitement le décalage entre la loi et la réalité du terrain.

• Complexité des votes en assemblée générale de copropriété.
• Coût initial de l’installation d’une borne personnelle.
• Délais pour obtenir les autorisations et réaliser les travaux.
• Manque d’information sur les aides disponibles comme la prime Advenir.

Le rôle crucial des installateurs qualifiés face à la demande

Pour garantir une installation sécurisée et performante, il est impératif de faire appel à un professionnel certifié IRVE (Infrastructure de Recharge de Véhicule Électrique). Cette qualification, délivrée par des organismes comme Qualifelec ou l’AFNOR, est un gage de qualité. Cependant, la planification reste essentielle. Comme le souligne un expert du secteur, « en copropriété, l’installation d’une borne de recharge nécessite généralement un délai de 4 à 8 semaines, même si une infrastructure collective est déjà présente. »

Comment la filière s’organise pour inverser la tendance

Conscients de ces enjeux, les acteurs du marché unissent leurs forces. La création récente de l’AFOR (Association Française des Opérateurs de Recharge) vise à structurer la filière et à dialoguer avec les pouvoirs publics. Des investissements massifs, à l’image des 240 millions d’euros injectés par ICG dans la société Zeplug, montrent la volonté du secteur de consolider son offre pour la rendre plus simple et accessible.

Parallèlement, des gestionnaires de réseau comme Enedis déploient des solutions innovantes, telles que le « réseau électrique auto », pour simplifier les raccordements collectifs. L’objectif est clair : lever les freins pour que la recharge à domicile, qui représente traditionnellement 90% des besoins, redevienne la norme pour les conducteurs de voitures Volkswagen, Nissan ou Citroën.

Malgré cette baisse temporaire, les professionnels restent optimistes. Avoir une borne chez soi demeure la solution la plus pratique et la plus économique à long terme. Pour un conducteur moyen, le coût d’une installation est souvent amorti en moins de deux ans grâce aux économies réalisées par rapport au prix du carburant ou des recharges rapides publiques.